Qui suis-je? Je n'en sais rien. Et je ne le saurais surement jamais. Je ne sais pas pourquoi j'écris, j'ai juste besoin de voir ma vie à plat, comme si on déroulait une carte, juste pourvoir où je me situe en ce moment. Mon professeur de français m'a dit qu'on ne savait jamais qui on était vraiment et que l'on mourrait sans le savoir. Mais qu'on pouvait toujours se rapprocher un peu de l'idée de qui nous sommes. J'ai l'impression d'avoir faire un grand pas en arrière.
J'ai 15 ans. Je suis en seconde.
Je suis tombée dans une classe théâtre. J'ai une bande de copains géniaux. C'est la première fois que je suis autant attachée à mes amis. J'ai eu l'impression d'être enfin moi. Je suis tombée amoureuse d'un garçon. J. Il ne le sait pas. Lorsque je me blottis dans ses bras, j'ai l'impression de m'évader. Ses copains ont pris l'habitude de faire des allusions entre lui et moi, et la possible éventualité de sentiments qui pourraient nous lier. Ni lui ni moi n'en disons rien. On s'efforce juste de murmurer un simple "Mais non." quand l'envie nous prend, quand on risque d'être démasqué. Je ne sais pas s'il m'aime. J'en doute. Certains disent que oui. Personne ne dit que non. Mais je n'en sais rien. D'après ce que j'ai pu entendre, c'est un éternel célibataire. Zéro copine à son compteur. Comme moi. Alors même si notre amour était réciproque, ça ne serait pas si facile que ça. Apparemment, c'est un grand timide et je ne vaux pas mieux. Alors j'attends.
Je n'ai jamais pioché le bon. Je les aimé mais ils savaient à peine que j'existais. S'ils le savaient. En tombant amoureuse de J, je me suis dit qu'un peut être pouvait exister. Aujourd'hui, je n'en suis plus sûre. Je ne suis sûre de rien. Comme si ma vie amoureuse n'était pas déjà assez complexe, il a fallu que A en rajoute un peu. S'il n'avait pas demandé à L si elle pouvait lui arranger le coup avec moi, je n'en aurais jamais rien su. Et cela aurait été bien mieux comme ça. Beaucoup plus facile. Il parait que A est un coureur de jupons. De toute façon, je ne l'aime pas. Mais je ne voulais pas le faire souffrir. J'ai eu tort. Ce garçon est bourré de contradictions. Il y a deux jours encore, il tentait de m'embrasser pas moins de trois fois. Je le repoussais gentiment, lui disant de ne pas le prendre mal. Hier, il me présentait sa nouvelle copine. En une nuit, il m'avait oublié. Tant mieux pour lui, direz-vous. Oui en effet. Mon plus grand soulagement est qu'il ne souffrira plus à cause de moi. Mais, peut être à l'inverse de lui, j'ai un cœur. J'ai culpabilisé pour l'avoir fait souffrir. Et maintenant, je culpabilise d'avoir culpabilisé pour rien. Il n'en valait pas la peine. Je m'en veux de m'en être voulu. Et c'est une sensation affreuse. Je meurs d'envie de lui coller ma main à la figure. Non pas parce qu'il m'a brisé le cœur, mais parce qu'il m'a prise pour une idiote. Et je ne supporte pas passer pour une idiote.
Mes maux d'amours sont bien dérisoires aux yeux de certains. Mais je ne peux plus les porter seule.
Mes grands-parents sont à l'hôpital depuis plus de quatre mois. Mon grand-père a failli nous quitter et ma grand-mère a une maladie irréversible qui la ronge peu à peu. J'en ai mal au cœur rien que d'y penser. Ma grand-mère était ma deuxième maman. J'ai passé plus de temps de mon enfance chez eux que nulle part ailleurs. A à peine quelques mois, je la voyais plus que ma propre mère. Et aujourd'hui je souffre de tous ces souvenirs qui ne pourront réapparaitre. Je donnerais n'importe quoi pour que ce soit comme avant. Mais tout le monde sait que c'est impossible. Je donnerais ma vie pour récupérer quelques heures de mon enfance à ses côtés. Lorsqu'elle était encore elle. Mais elle ne voudrait pas. Elle me dirait qu'il vaudrait mieux garder ma vie pour moi. Et je l'écouterais. Parce que je l'ai toujours écoutée.
Je ne sais pas si écrire arrangera ma vie. Mais si je n'essaie pas, je ne le saurais jamais. Alors j'essaie. Pour voir. Et on verra.
Merci à ceux qui me suivront.
Silencia
N.B. Je vous en supplie blanches colombes, venez rendre la paix dans mon cœur et mon esprit.